La Sensibilité

2020-01-13
3 min de lecture

C’est encore un mot étrange dans mon esprit. J’ai l’impression de l’avoir découvert hier. En fait il était là, dans ma tête, et je l’ignorais avec assiduité. La sensibilité, elle était là quand très jeune déjà je pleurais devant des films ou des dessins animés. Elle était là quand je pleurais la nuit dans mon lit pour la simple raison que je me sentais misérable. Elle était là quand je me cachais pour lire des œuvres sentimentales. Elle était là quand je cherchais à comprendre le sens de l’amour. Elle était toujours là. Quelle pudeur.

Si j’ai l’impression de la découvrir aujourd’hui, c’est parce que j’y suis d’une certaine façon contraint. Je ne pense pas pouvoir continuer à me mouvoir au quotidien sans comprendre plus en profondeur ces sensations nouvelles. J’ai besoin de mettre des mots, j’ai besoin de structurer, j’ai besoin d’imager et surtout j’ai besoin de sentir. Pour l’occasion, petite anecdote, j’aimerai ne pas oublier.

C’était il y a un instant. C’était intense, comme une explosion d’émotions et de sensations. Une simple chanson, partagée par la bonne personne, au bon moment, de la bonne façon. J’ai eu l’impression de transcender bien des choses, les larmes ont spontanément coulées, je me suis senti fort, terriblement heureux. Quelle étrange épisode. Aussi fugace qu’intense.

C’est autour de cette vive sensation que j’aimerai pouvoir développer dans un premier temps. Comment l’analyser au mieux ? À ce moment précis, je me sentais morose, comme bien souvent. L’élément déclencheur était parfaitement inattendu. Surtout, je pense que c’est l’essentiel, cet élément correspondait parfaitement à ma sensibilité. Comme une pièce de substrat qui serait tombée nez à nez avec son enzyme. Peut-être qu’à ce moment précis, mon cerveau s’est mis à produire bien plus de sérotonine qu’il n’en avait l’habitude. D’où cette perte de contrôle, ces larmes, cet esprit qui s’est rapidement égaré, en quête de réponses. Une addiction.

Céder à des émotions, c’est une manifestation assez tangible de la sensibilité. Cependant elle se manifeste aussi de façon plus douce, en observant une image, en écoutant une musique, en parlant avec quelqu’un, en lisant une histoire. Des choses qui nous parlent. Pourquoi préférer telle ou telle musique à tel ou tel moment ? Certes la lassitude rentre en jeu, mais la sensibilité au moment précis où on l’entend et au-delà l’ouverture de l’esprit, sont essentiels. Je souligne l’évidence, cependant adopter cette démarche de description représente un premier pas dans ce que j’aimerai réaliser.

Si la sensibilité permet de ressentir, elle permet finalement de créer. Cette démarche créative, je l’ai abandonnée il y a bien longtemps, si ce n’est depuis toujours. Trop pudique, trop peur du jugement, trop critique envers moi-même. Bien sûr que j’ai le droit de passer une heure tard le soir à écrire des choses qui risquent de me faire honte demain. Bien sûr que j’ai le droit de faire des choses qui ne plaîront qu’à moi, bien sûr que j’ai le droit de vivre.

Je ne m’imagine pas conclure un jour cette page. Comment serait-ce possible ? J’ai encore tellement de choses à découvrir, de choses à faire, de choses à créer. J’aimerai avoir la force de porter tout ça, j’ai souvent l’impression de ne rien pouvoir réussir sans soutien, sans intérêt. Il n’appartient qu’à moi de prouver que j’en suis capable, de revenir ici à nouveau pour partager mon avancée aussi futile soit-elle. Comme un fil rouge.

Pango

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